Tsahal frappe le Hamas : un reporter d’Al Jazeera parmi les victimes

Tsahal a éliminé hier plusieurs membres du Hamas, dont le journaliste d’Al Jazeera Anas Al Sharif.


Anas Al Sharif, journaliste de 28 ans, faisait partie d'un groupe de cinq journalistes d'Al Jazeera tués lors d'une frappe aérienne près de l'hôpital Al Shifa. En tout, 7 personnes au total ont été éliminées dans la frappe dans l'est de la ville de Gaza.

Tsahal précise qu’Al Sharif dirigeait une cellule chargée de planifier et de coordonner des tirs de roquettes contre Israël. Des documents retrouvés à Gaza comme des listes de personnel, registres de formation, carnets d’adresses et fiches de paie prouvent « de manière irréfutable » son intégration dans l’appareil militaire du Hamas et ses liens avec la chaîne qatarie Al Jazeera, accusée par Israël de soutenir l’organisation. L’armée israélienne souligne que l’opération ayant conduit à sa neutralisation a été menée avec des moyens précis et une surveillance aérienne afin de limiter les risques pour les civils. Elle affirme qu’elle poursuivra ses actions « avec force et détermination » contre toutes les infrastructures et acteurs du terrorisme dans la bande de Gaza.

Cette attaque a suscité une vague d’indignations et de critiques internationales.

Le réseau qatari Al Jazeera a fermement condamné l’attaque, la qualifiant d’assassinat prémédité visant les journalistes et photographes, et dénonçant "une atteinte flagrante à la liberté de la presse." La presse arabe, notamment le quotidien libanais pro-Hezbollah Al-Akhbar, évoque lui le risque que Gaza se retrouve sans journalistes, et qualifie Al-Sharif, de "journaliste martyr".

Plusieurs grands médias internationaux, dont Sky News, CNN, BBC, NBC, le Washington Post, The Guardian ou le New York Times, ont fait de cette élimination leur sujet phare, dénonçant ce qu’ils qualifient d’"assassinat ciblé" d’un journaliste.

Le vice-président de l'Autorité palestinienne (AP), Hussein al-Sheikh, a quant à lui déclaré : "Nous condamnons fermement l'attaque contre les équipes de presse dans la bande de Gaza, qui a causé la mort de plusieurs journalistes palestiniens. Nous appelons la communauté internationale et les institutions chargées de la liberté de la presse à prendre des mesures immédiates pour traduire Israël en justice". 

Côté politique, le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est dit « profondément préoccupé » par la répétition des attaques visant des "journalistes" à Gaza. S’adressant à la presse, le porte-parole de Keir Starmer a souligné : « Nous sommes gravement inquiets face à la répétition des frappes visant des journalistes à Gaza. Les reporters couvrant les conflits bénéficient d’une protection garantie par le droit international humanitaire. Ils doivent pouvoir exercer leur travail en toute indépendance, sans crainte, et Israël doit veiller à leur sécurité. »

L’Union européenne a également vivement réagi, en condamnant les frappes, et a demandé à Israël de prouver l’allégeance terroriste d’Anas Al Sharif. 

Alors face aux accusations, l’armée israélienne a diffusé hier une photographie montrant Anas Al Sharif, aux côtés de Yahya Sinwar, ex-chef du Hamas et principal responsable de l’attaque du 7 octobre.

Selon Tsahal, cette image, ainsi que des documents saisis, confirment son rôle actif au sein de la branche armée du Hamas.

Dans un message publié sur X, le porte-parole a affirmé : « Comme nous l’avons dit dès le début, seuls des terroristes participent aux rassemblements du Hamas. Anas Al Sharif n’était pas un journaliste, mais un agent terroriste de l’organisation.”

Le ministère israélien des Affaires étrangères a affirmé que « les terroristes avec une caméra ne sont pas des journalistes ». En réponse à un message de l’ONU rappelant que « les journalistes ne sont pas une cible », le ministère a répliqué : « Nous sommes d’accord.  Les journalistes ne sont pas une cible. Mais les jihadistes avec une caméra ne sont pas des journalistes, ce sont des terroristes. Nous traquerons les jihadistes, pas leur couverture médiatique. »